Les Bidochons partent en vacances

Ca y est nous v’là parti. En route pour les plages de la Bourboule. Les gosses sont chargés et les valoches à l’arrière. Maman a pris sa pile de canards à popole, le tout avec un valium dans le gosier. Comme ça, ça évite de stresser et par la même de m’gueuler dessus pendant que j’roule. En espérant que la Xantia tiendra le coup. Autrement, je vais montrer au beauf comment Raoul remercie les propres à rien. A coups de bourre-piffe. Parce que trois cents boules pour une courroie de distrib, ce n’est plus du vol. C’est carrément un braquage ! Il est cinq heures du mat’, les cons dorment encore. Tant mieux, j’ai plus de place sur la route. Parce qu’il en faut d’la place pour arquer les cent quatre-vingt sur le compteur. Et j’vous parle même pas de s’arrêter. De toute façon, c’est toujours de la faute des autres. Ils s’poussent pas assez vite. C’est pas compliqué à comprendre, quand j’me pointe tu t’gares. J’suis le roi d’la route. Celui-là, je vais m’le faire. Depuis le temps que je roule derrière. Avec sa vieille fiat pourrie, j’vais lui montrer qui je suis. C’que je préfère sur la route du camping, c’est fumer ma gauloise dans la bagnole juste quand le soleil se lève et que tout le monde ferme son claque-bouche. C’est reposant. Ca y est nous y v’là. Les cons sont debout et ça se sent. Obliger de m’servir de cte foutue pédale de frein. Bande de brocs, quand on sait pas rouler, on prend la nationale. Fait chier, un condé de merde qui avait sorti son appareil photo. Retrait de permis ? Mais…quel permis ? J’commence à avoir mal aux pattes et je taraude à sec. ‘Mam, on s’arrête, réveille-toi. Il faut que je fasse la vidange et que je fasse le plein. T’as fourrée où la glacière ? Et merde, les gosses qui lèvent le pif. Changement de programme, tu vas faire pisser les morpions. Dès qu’tu reviens, on cassera une graine. Mais ils font bouffer quoi à nos gosses… des céréales. Mais ils nous prennent pour du bétail ou quoi ? Qu’ils aillent se les mettre où j’pense leur trucs. Moi, je bougerai pas de ma rillette, mon clacos et mon pif. D’ailleurs puisqu’on en parle, ramène la boutanche. Comment ça, il est que 10 heures. Mais j’m’en fous, j’ai soif ! Et oublie pas de la laisser sur la table. Regarde-moi tous ces étrangers qui viennent nous piquer nos vacances ! Vous avez pas de vacances chez vous, c’est ça ? Regard’, dans quel monde on vit. Mais on va où, on va où là. C’est pas tout ça, mais faut r’partir, hip. Oui, j’ai chté la teille à la benne. Bon les mômes, j’veux pas vous entendre. Vous jouez avec votre Mitainedo. Ça nous f’ra des vacances. Elles sont aussi pour bibi. - Papa c’est quand qu’on arrive ? C’est quand qu’on arrive ! Mais c’est quoi c’est veaux qu’avancent pas, non de dieu. J’dépasse pas le cent cinquante. Si ça continue, c’est demain qu’on va arriver. - Hey Papa, pourquoi tu roules si vite. Papa arrête-toi, j’suis malade et j’ai du vomi plein ma poupée. Parce que j’suis le roi de la route ! Et fermez vos gueules, ou j’en prends un pour taper sur l’autre. Ça y est, j’ai les nerfs. Les gosses couinent, les autres se trainent. J’en ai plein le cul. Et merde, j’viens de rater la sortie. On est bon pour un tour gratos. Vacances de merde ! Allez, on sort ici et on va bien retrouver. - Tourne à droite, j’ai vu la flèche… Mais tourne, j’te dis ! - Ferme-la, je sais très bien où je vais ! La vioc qui s’y met maint’nant. Quand je t’dis que j’sais où j’vais, je sais où je vais ! La voilà, ta pancarte de camping ! Freinage au frein à main à la barrière, ça donne toujours un genre, surtout quand on lève la poussière. Coupe le contact. Johnny, tu peux rentrer dans ta loge. Tu as assez chanté pour aujourd’hui. Voilà, des vacances qui commencent bien. Manque plus qu’un 102 avec des glaçons et c’est le paradis.